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PARACELSE

raît quelque chose de semblable, et que la foi leur présente une image de ce genre, soit dans le sommeil, soit dans la veille. Car c’est par une foi de ce genre que se produisent les extraordinaires interprétations des songes ; car qu’est-ce que le songe lui-même, sinon seulement la forme volante () de la foi ? Et, parce qu’ils croient, ceci se présente à eux ; et ils sont semblables à ces saints qu’ils s’imaginent être. De même que sont ces idoles et ces saints de bois que fabrique le corps, de même sont ceux que forme la foi. C’est ainsi que la foi, semblablement à ces images, pousse la baguette divinatoire dans les mains, éteint les cierges, fait tourner les clefs, attire les ciseaux et fait tourner le sas[1]. Et, de même que ces sortes d’art se trouvent, aujourd’hui bons, demain mauvais, et, contre un oui, dix non (), une fois vrai, dix fois faux, ainsi sont également les songes et semblables visions, indifféremment vrais ou trompeurs. Il en est d’eux, avec leur foi, comme d’un alchimiste, lequel ne sait rien, et cherche continuellement. Si l’un d’eux réussit, il en tombe vingt. Si la vérité vient une fois, la fausseté est constante. Il en advient de même avec ces choses, dans la foi. Tu crois ce que tu ne sais pas ; et, ainsi, ce que tu ne sais pas, ta foi ne le sait pas non plus. Car tel que tu es, telle est ta foi. Bien qu’il soit vrai que nous soyons semblables aux esprits dans la foi, et que nous sachions toutes choses, cependant il n’est pas nécessaire que toutes choses soient manifestées au

  1. Faire tourner le sas était une sorte de divination se pratiquant au moyen d’un tamis qui tournait. C’est l’ancêtre de la table tournante.