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PARACELSE

de Locques — qui, d’ailleurs, ne connaissait pas le texte original de Paracelse et n’avait lu de lui que fort peu de chose, bien qu’il le nomme à chaque page, — avait considéré attentivement les œuvres de ce maître, il se fût aperçu qu’il avait toujours écrit : spagyrie, et non pas : spargyrie. Le mot ἄργυρος n’est donc pas acceptable ; l’étymologie de Vossius : σπάω je sépare et γείρω, j’assemble, est de beaucoup préférable, et bien plus conforme à la pensée de Paracelse qui n’a jamais désigné, par ce mot, une séparation du mercure.

Page 204. « Le pain est du sang : il est de la graisse ; il est du lard, etc. » Paracelse pose ici, sous une forme un peu triviale, un des plus grands problèmes bio-chimico-physiologiques, dont la recherche de la solution devait préoccuper les siècles suivants jusqu’à Claude Bernard. Il n’est pas déplacé de faire remarquer que François Bacon a cherché, en s’’appuyant sur ce passage, à tourner en ridicule les doctrines de Paracelse, dans ce passage peu connu du Novum Organum, Lib. II. 48. « Car personne ne voudra délirer avec Paracelse qui, aveuglé par ses distillations, voulait que la nutrition fût faite seulement par la séparation, et que, dans le pain, par exemple, fussent cachés des yeux, des nez, des cerveaux, des foies, dans les sucs de la terre, des racines, des feuilles, des fleurs. Comme un artisan, d’une masse informe de bois ou de pierre, en détachant et rejetant le superflu, extrait des feuilles, fleurs, yeux, nez, pieds, mains et autres membres, ainsi, disait-il, l’archée, cet artisan intérieur, extrait des aliments, par voie de séparation et de rejection, chacun des membres et autres parties. Laissons ces folies, etc. ». Le prétendu instaurateur de la science expérimentale ne fait pas preuve, ici, de la meilleure foi du monde, car il ne rapporte pas exactement les paroles de Paracelse, lequel n’a jamais tenu ce langage ridicule ; et nous laissons aux lecteurs le soin de juger lequel se révèle le plus expérimentaliste : du philosophe de Verulam ou de l’ermite d’Einsiedeln ?

Page 228. L’existence du botaniste Platearius nous a été révélée par le Docteur Jolivot. Ce n’est point le recteur de Zwikau, Plateanus, comme nous l’avions supposé, mais un médecin de l’École de Salerne, vers la fin du xiie siècle, nommé Matteo Plateario. Vincent de Beauvais, dans son Speculum naturale, cite son livre de la Médecine des simples ; et Ægidius