Page:Œuvres de Robespierre.djvu/133

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donc, en effet, le citoyen étranger à l’intrigue, dépourvu de toutes les ressources que donne aux ennemis de la liberté une éducation plus soignée, qui pourrait lutter avec avantage contre ces ennemis, s’il faut qu’il réponde par la chicane à ceux qu’il a fait arrêter ? Lorsque la notoriété publique accuse un citoyen de crimes dont il n’existe point de preuves écrites, mais dont la preuve est dans le cœur de tous les citoyens indignés, ne va-t-on pas rentrer dans l’ordre judiciaire avec le premier décret ? N’anéantit-on pas totalement la sagesse des mesures révolutionnaires ?… Il n’est pas temps de paralyser l’énergie nationale ; il n’est pas temps d’affaiblir les grands principes. Généreux représentants du peuple, vous avez, par la constance de vos efforts, gravi au sommet du rocher de la liberté ; gardez-vous de faiblir, car il retomberait sur vous en éclats, et vous précipiterait au fond de l’impur marais. Soyez doux, humains pour l’innocence et le patriotisme ; mais soyez inflexibles pour les ennemis de la patrie. » Le décret est rapporté[1].

Séance du 29 octobre (8 brumaire). — Robespierre provoque un décret pour rendre la procédure du tribunal révolutionnaire plus rapide : « Je propose de décréter qu’après trois jours de débats, le président du tribunal demandera aux jurés si leur conscience est assez éclairée ; s’ils répondent négativement, l’instruction du procès sera continuée

  1. On pourra juger de la susceptibilité de Robespierre par ce fait : La société de Montbard fut dénoncée aux Jacobins pour avoir dit que la Convention étant une comme la République, il ne devait point y avoir de côté droit, tous ses membres étaient également dignes d’hommages et de respect : — « Dire qu’il n’existe et qu’on ne reconnaît qu’un parti dans la République et dans la Convention, s’écrie Robespierre, c’est dire qu’il n’existe aucune différence entre les aristocrates et les patriotes, les républicains et les royalistes, les étrangers ennemis de la France et les amis du peuple français. » Sur sa proposition, cette société fédéraliste est rayée de la liste des affiliées de la société mère.