Page:Œuvres de Robespierre.djvu/142

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Séance du 18 avril (29 germinal). — Robespierre fait exempter de la loi de police générale les acquéreurs de charges qui ennoblissaient : « Si je n’écoutais que l’espèce d’antipathie naturelle aux amis ardents de la liberté, contre tout ce qui portait autrefois les apparences même de l’orgueil et de l’aristocratie, je déclamerais peut-être avec plus de force que ne l’ont fait les préopinants contre tous ceux qui ont voulu sortir de la classe respectable du peuple ; mais, citoyens, c’est la justice et l’intérêt du peuple qui doivent toujours diriger les délibérations de l’homme public… Cette censure envelopperait dans la loi une infinité de personnes que vous n’avez pas voulu atteindre… Il existait une foule de charges créées par l’ancien régime, qui

    triotisme, plus les ennemis de la chose publique s’attachent à sa perte ?… Eh ! si le défenseur de la liberté n’était pas calomnié, ce serait une preuve que nous n’aurions plus ni prêtres, ni nobles à combattre ?… Les ennemis de la patrie semblent m’accabler de louange exclusivement, mais je les répudie… la cause des patriotes est une, comme celle de la tyrannie ; ils sont tous solidaires. Je me trompe peut-être sur Danton ; mais, vu dans sa famille, il ne mérite que des éloges. Sous les rapports politiques, je l’ai observé:une différence d’opinion entre lui et moi me le faisait épier avec soin, quelquefois avec colère ; et s’il n’a pas toujours été de mon avis, conclurai-je qu’il trahissait la patrie ? Non ; je la lui ai toujours vu servir avec zèle… Il est évident que Danton a été calomnié ; mais je déclare que je vois-là un des fils les plus importants de la trame ourdie contre tous les patriotes. »

    Vers la même époque il rendit un semblable témoignage à Camille Desmoulins. « Il faut considérer avec Camille Desmoulins ses vertus et ses faiblesses. Quelquefois faible et confiant, souvent courageux, toujours républicain, on l’a vu successivement l’ami des Lameth, de Mirabeau, de Dillon; mais on l’a vu aussi briser ces mêmes idoles qu’il avait encensées. Il les a sacrifiées sur l’autel qu’il leur avait élevé aussitôt qu’il a reconnu leur perfidie. En un mot, il aimait la liberté par instinct et par sentiment, et il n’a jamais aimé qu’elle, malgré les séductions puissantes de tous ceux qui la trahirent. »