Page:Œuvres de Robespierre.djvu/152

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des fonctions dont je suis chargé, il me resterait encore ma qualité de représentant du peuple, et je ferais une guerre à mort aux tyrans et aux conspirateurs. »

Le 5 juillet (21 messidor), Robespierre se plaint aux Jacobins de l’inexécution du décret qui a mis la vertu et la probité à l’ordre du jour : « De tous les décrets qui ont sauvé la république, le plus sublime, le seul qui l’ait arrachée à la corruption et qui ait affranchi les peuples de la tyrannie, c’est celui qui met la probité et la vertu à l’ordre du jour. Si ce décret était exécuté, la liberté serait parfaitement établie, et nous n’aurions plus besoin de faire retentir les tribunes populaires de notre voix ; mais les hommes qui n’ont que le masque de la vertu mettent les plus grandes entraves à l’exécution des lois de la vertu même ; ils veulent se faire de ce masque un moyen de parvenir au pouvoir. Le décret qui met la vertu à l’ordre du jour est fécond en grandes conséquences. Nous avions prévu qu’on en abuserait ; mais en même temps nous avions pensé que ce décret, porté contre les oppresseurs, imposerait aux fonctionnaires publics le devoir d’exercer la vertu, et de ne jamais s’écarter des obligations qui les lient à la patrie ; mais ces obligations ne les forcent point à s’appesantir, avec une inquisition sévère, sur les actions des bons citoyens, pour détourner les yeux de dessus les crimes des fripons : ces fripons, qui ont cessé d’attirer leur attention, sont ceux-là même qui oppriment l’humanité, et sont de vrais tyrans. » Robespierre continue en signalant les pièges qui sont tendus aux bons citoyens, les craintes que l’on sème dans la Convention : On cherche à persuader à chaque membre que le Comité de salut public l’a proscrit. « Mais, dit-il, les scélérats ne triompheront pas, car il est impossible que les hommes qui ont épousé le système profond de la justice et de la liberté consentent jamais à laisser à de si vils ennemis un triomphe qui serait à la fois la honte et la perte de l’humanité entière. Il faut que ces lâches conspirateurs, ou renon-