Page:Œuvres de Robespierre.djvu/226

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hommes nés et domiciliés en France, ou naturalisés, doivent jouir de la plénitude et de l’égalité des droits du citoyen, et sont admissibles à tous les emplois publics, sans autre distinction que celle des vertus et des talents[1]. »

  1. Robespierre revenant encore sur cette importante question dans la séance du 11 août 1791, disait : « Vous avez reconnu que tous les citoyens étaient admissibles à toutes les fonctions, sans autre distinction que celle des vertus et des talents. À quoi nous sert cette promesse, puisqu’elle a été violée sur-le-champ ? Que nous importe qu’il n’y ait plus de noblesse féodale, si vous y substituez une distinction plus réelle, à laquelle vous attachez un droit politique ? Et que m’importe à moi qu’il n’y ait plus d’armoiries, s’il faut que je voie naître une nouvelle classe d’hommes à laquelle je serai exclusivement obligé de donner ma confiance ? Cette contradiction permettrait de douter de votre bonne foi et de votre loyauté. (Les tribunes applaudissent) Je conviens cependant qu’il faut une garantie qui rassure contre les électeurs ; mais est-ce la richesse ? L’indépendance et la probité se mesurent-elles sur la fortune ? Un artisan, un laboureur, qui paient dix journées de travail, voilà des hommes plus indépendants que le riche, parce que leurs besoins sont encore plus bornés que leurs fortunes. Quoique ces idées soient morales, elles n’en sont pas moins dignes d’être présentées à l’Assemblée. (On rit et on murmure. — Une voix s’élève : C’est trop fort, M. Robespierre !) D’après les principes de vos comités, nous devrions rougir d’avoir élevé une statue à J.-J. Rousseau, parce qu’il ne payait pas le marc d’argent. Apprenez à reconnaître la dignité d’homme dans tout être qui n’est pas noté d’infamie. Il n’est pas vrai qu’il faille être riche pour tenir à son pays ; la loi est faite pour protéger les plus faibles ; et n’est-il pas injuste qu’on leur ôte toute influence dans sa confection ? Pour vous décider, réfléchissez quels sont ceux qui vous ont envoyés ? Étaient-ils calculés sur un marc d’argent ? Je vous rappelle au titre de votre convocation : « Tout Français ou naturalisé Français, payant une imposition quelconque, devra être admis à choisir les électeurs. » Nous ne sommes donc pas purs, puisque nous avons été choisis par des électeurs qui ne payaient rien. (On applaudit).