Page:Œuvres de Robespierre.djvu/29

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usèrent les gens de la noblesse pour exclure les candidats démocratiques. On y lit entre autres choses qui caractérisent bien l’homme « Ô citoyens ! la patrie est en danger ; des ennemis domestiques plus redoutables que les armées étrangères trament en secret sa ruine. Volons à son secours, et rallions tous ses défenseurs au cri de l’honneur, de la raison et de l’humanité… Que m’importe que, fondant sur leur multitude ou sur leurs intrigues l’espoir de nous replonger dans tous les maux dont nous voulons nous délivrer, ils méditent déjà de changer en martyrs tous les défenseurs du peuple ! Fussent-ils assez puissants pour m’enlever tous les biens qu’on envie, me raviront-ils mon âme et la conscience du bien que j’aurai voulu faire[1] ?… »

  1. M. Ernest Hamel rapporte que, quelque temps avant l’ouverture du scrutin, ayant à plaider la cause d’un malheureux qui avait été longtemps enfermé à la sollicitation de ses parents, il prit texte de cette affaire pour réclamer hautement la complète abolition des lettres de cachet. Puis, traçant par avance le tableau des bienfaits que, selon lui, la nation était en droit d’attendre des prochains états-généraux, il s’écriait, en s’adressant au roi lui-même, et après avoir dicté en quelque sorte les principes fondamentaux du nouveau droit des Français : « Oh ! quel jour brillant, sire, que celui où ces principes, gravés dans le cœur de Votre Majesté, proclamés par sa bouche auguste recevront la sanction inviolable de la plus belle nation de l’Europe ; ce jour où, non content d’assurer ce bienfait à votre nation, vous lui sacrifierez encore tous les autres abus, source fatale de tant de crimes et de tant de maux… Conduire les hommes au bonheur par la vertu et à la vertu par une législation fondée sur les principes immuables de la morale universelle, et faite pour rétablir la nature humaine dans tous ses droits et sa dignité première ; renouer la chaine immortelle qui doit unir l’homme à Dieu et à ses semblables, en détruisant toutes les causes de l’oppression et de la tyrannie, qui sème sur la terre la crainte, l’orgueil, la défiance, la bassesse, l’égoïsme, la haine, la cupidité et tous les vices qui entraînent l’homme loin du but que le législateur éternel avait assigné à la société ; voilà, sire, la glorieuse entreprise à laquelle il vous a appelé. »