Page:Œuvres de Robespierre.djvu/307

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que les règles générales nécessaires pour bannir l’intrigue et maintenir la liberté même ; toute autre gêne n’est qu’un attentat à la souveraineté.

Qu’aucune autorité constituée surtout ne se mêle jamais ni de sa police ni de ses délibérations.

Par là, vous aurez résolu le problème, encore indécis de l’économie politique populaire, de placer dans la vertu du peuple et dans l’autorité du souverain le contre-poids nécessaire des passions du magistrat et de la tendance du gouvernement à la tyrannie.

Au reste, n’oubliez pas que la solidité de la constitution elle-même s’appuie sur toutes les institutions, sur toutes les lois particulières d’un peuple : quelque nom qu’on leur donne, elles doivent toutes concourir avec elle au même but ; elle s’appuie sur la bonté des mœurs, sur la connaissance et sur le sentiment des droits sacrés de l’homme.

La déclaration des Droits est la constitution de tous les peuples : les autres lois sont muables par leur nature, et subordonnées à celle-là. Qu’elle soit sans cesse présente à tous les esprits ; qu’elle brille à la tête de votre code public ; que le premier article de ce code soit la garantie formelle de tous les droits de l’homme ; que le second porte que toute loi qui les blesse est tyrannique et nulle ; qu’elle soit portée en pompe dans vos cérémonies publiques ; qu’elle frappe les regards du peuple dans toutes ses assemblées, dans tous les lieux où résident ses mandataires ; qu’elle soit écrite sur les murs de nos maisons ; qu’elle soit la première leçon que les pères donneront à leurs enfants.

Ou me demandera peut-être comment, avec des précautions si sévères contre les magistrats, je puis assurer l’obéissance aux lois et au gouvernement. Je réponds que je l’assure davantage, précisément par ces précautions-là même : je rends aux lois et au gouvernement toute la force que j’ôte aux vices des hommes qui gouvernent et qui font des lois.