Page:Œuvres de Robespierre.djvu/349

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’il nous a fallu du courage pour les proclamer ? La postérité pourra-t-elle croire que les factions vaincues avaient porté l’audace jusqu’à nous accuser de modérantisme et d’aristocratie pour avoir rappelé l’idée de la Divinité et de la morale ? Croira-t-elle qu’on ait osé dire, jusque dans cette enceinte, que nous avions par là reculé la raison humaine de plusieurs siècles ? Ils invoquaient la raison, les monstres qui aiguisaient contre vous leurs poignards sacrilèges !

Tous ceux qui défendaient vos principes et votre dignité devaient être aussi sans doute les objets de leur fureur. Ne nous étonnons pas si tous les scélérats ligués contre vous semblent vouloir nous préparer la ciguë ; mais avant de la boire, nous sauverons la patrie ! (On applaudit). Le vaisseau qui porte la fortune de la République n’est pas destiné à faire naufrage : il vogue sous vos auspices, et les tempêtes seront forcées de le respecter. (Nouveaux applaudissements).

Asseyez-vous donc tranquillement sur les bases immuables de la justice, et ravivez la morale publique ; tonnez sur la tête des coupables, et lancez la foudre sur vos ennemis ! Quel est l’insolent qui, après avoir rampé aux pieds d’un roi, ose insulter à la majesté du peuple français dans la personne de ses représentants ? Commandez à la victoire, mais replongez surtout le vice dans le néant ! Les ennemis de la République sont tous les hommes corrompus. (On applaudit). Le patriote n’est autre chose qu’un homme probe et magnanime dans toute la force de ce terme. (On applaudit). C’est peu d’anéantir les rois ; il faut faire respecter à tous les peuples le caractère du peuple français. C’est en vain que nous porterions au bout de l’univers la renommée de nos armes, si toutes les passions déchirent impunément le sein de la patrie. Défions-nous de l’ivresse même des succès. Soyons terribles dans les revers, modestes dans nos triomphes (on applaudit), et fixons au milieu de nous la paix