Page:Œuvres de Robespierre.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

peut être absolument indispensable pour remplir son objet ; remarquez surtout que de cela même que la loi est obligée de laisser plus de latitude à la volonté et à la conscience de l’homme qu’elle charge de veiller au maintien de la police, plus elle doit mettre de soin et de sollicitude dans le choix de ce magistrat, plus elle doit chercher toutes les présomptions morales et politiques qui garantissent l’impartialité, le respect pour les droits du citoyen, l’éloignement de toute espèce d’injustice, de violence et de despotisme. « Ce danger, ce malheur de perdre la liberté avant d’être convaincu, et quoique l’on soit innocent, dit le rapporteur des deux comités, est un droit que tout citoyen a remis à la société, c’est un sacrifice qu’il lui doit. » Mais c’est précisément par cette raison qu’il faut prendre toutes les précautions possibles pour s’assurer que ce sera l’intérêt général, que ce sera le vœu et le besoin public, et non les passions particulières qui commanderont ces sacrifices et qui réclameront ce droit ; c’est-à-dire, pour ne pas faire d’une institution faite pour maintenir la sûreté des citoyens le plus terrible fléau qui puisse la menacer. Si ces principes sont incontestables, mon opinion est déjà justifiée.

« J’en tire déjà la conséquence que des officiers militaires ne doivent pas être magistrats de police : ce n’est que sous le despotisme que des fonctions aussi disparates, que des pouvoirs aussi incompatibles peuvent être réunis, ou plutôt cette réunion monstrueuse serait elle-même le despotisme le plus violent, c’est-à-dire le despotisme militaire… Il est surtout une garantie qu’il n’est pas permis de négliger, ajoute Robespierre ; c’est celle que vous avez vous même cherchée en exigeant que les fonctionnaires publics qui doivent décider des intérêts des citoyens soient nommés par le peuple. Quand les citoyens soumettent leur liberté aux soupçons, à la volonté d’un homme, la moindre condition qui puissent mettre à ce sacrifice, c’est sans doute qu’ils choisiront eux-mêmes cet homme-là ; or les