Page:Œuvres de Robespierre.djvu/84

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déchirer, joignez-vous à la foule innombrable de tous les ennemis de la liberté, unissez, multipliez vos libelles périodiques, je ne voulais de réputation que pour le bien de mon pays : si, pour la conserver, il faut trahir, par un coupable silence, la cause de la vérité et du peuple, je vous l’abandonne ; je l’abandonne à tous les esprits faibles et versatiles que l’imposture peut égarer, à tous les méchants qui la répandent. J’aurai l’orgueil encore de préférer, à leurs frivoles applaudissements, le suffrage de ma conscience et l’estime de tous les hommes vertueux et éclairés ; appuyé sur elle et sur la vérité, j’attendrai le secours tardif du temps qui doit venger l’humanité trahie et les peuples opprimés.

» Voilà mon apologie, c’est vous dire assez sans doute que je n’en avais pas besoin. »

Cependant en terminant son discours, Robespierre offrait la paix à ses adversaires, à la condition de s’unir ensemble pour combattre les partis ligués contre l’égalité et la constitution. « De tous ces partis, le plus dangereux, à mon avis, disait-il, est celui qui a pour chef le héros qui, après avoir assisté à la révolution du Nouveau-Monde, ne s’est appliqué jusqu’ici qu’à arrêter les progrès de la liberté dans l’ancien, en opprimant ses concitoyens. Voilà, à mon avis, le plus grand des dangers qui menacent la liberté. Unissez-vous à nous pour le prévenir. Dévoilez, comme députés et comme écrivains, et cette faction et ce chef ! » Lorsque Lafayette, après le 20 juin, ayant voulu exercer une pression réactionnaire sur l’Assemblée, fut universellement blâmé, Robespierre se réconcilia publiquement aux Jacobins avec Brissot et Guadet : « J’ai senti, dit-il, que l’oubli et l’union étaient dans mon cœur, au plaisir que m’a fait ce matin le discours de Guadet à l’Assemblée et au plaisir que j’éprouve en ce moment en entendant Brissot ! Unissons-nous pour accuser Lafayette ! » Mais cette réconciliation ne fut pas de longue durée.

Parmi les incidents auxquels donna lieu au club des Jaco-