Page:Œuvres de Spinoza, trad. Appuhn, tome I.djvu/551

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sens) pour pouvoir suivre plus tard la voie qui conduit à la connaissance (méthode au premier sens), et Spinoza y répond aux objections possibles : Il me faut étudier la connaissance en elle-même et traiter d’abord de ce qu’elle doit être, primo parce que les hommes pour diverses raisons sont généralement dans l’erreur, c’est-à-dire sont empêchés de penser ou ne pensent pas assez, secundo parce que je leur donne ainsi un moyen de s’assurer que ce que je leur dirai plus tard est vrai encore que très différent de ce qu’ils ont accoutumé de croire.

§ 29 et 30. Voir la note précédente.

§ 34. a) La note 1 de la page 246 doit être rapprochée de la note 2 de la page 249. Spinoza y a en vue des hypothèses comme celle qu’il expose lui-même, d’après Descartes, dans la troisième partie (inachevée) des Principes de lu Philosophie de Descartes, hypothèses devant permettre d’expliquer la formation de l’univers selon les principes de la mécanique. Ces hypothèses ne sont pas des fictions aussi longtemps que nous ne perdons pas de vue leur véritable caractère : c’est un mode de représentation que nous adoptons pour sa simplicité, sa commodité. Spinoza toutefois ne les aime guère (voir la note explicative concernant la troisième partie des Principes de la Philosophie de Descartes).

b) Sur l’impossible, le nécessaire et le possible, cf. Court Traité (I, chap. i, note 3, et voir aussi la note explicative relative à ce passage). Pour la définition du possible, voir Pensées Métaphysiques (I, 3), et Ethique (IV, déf. 3). Telle qu’elle est formulée ici, cette définition nous surprend d’abord parce que nous avons dans l’esprit l’idée du réel, c’est-à-dire d’un objet dont l’existence est donnée expérimentalement ; ce prétendu réel n’est-il donc qu’un possible pour Spinoza ? Oui, assurément ; aussi longtemps que l’existence d’une chose, n’est pas scientifiquement expliquée elle reste problématique : puisqu’elle dépend de conditions extérieures, elle n’est pas telle de sa nature qu’il y ait contradiction à la nier ; il n’y aurait contradiction que si, les conditions étant clairement connues, on posait ces conditions sans poser l’existence qu’elles déterminent.

§ 37. A mesure que la connaissance s’étend, le pouvoir de forger diminue ; il ne faut pas entendre par là que la pensée cesse d’être productive ; tout au contraire ; mais les choses qu’elle crée sont des vérités et non des fictions ; car, ainsi qu’il est dit au paragraphe 38, la connaissance, non la fiction, fait qu’on ne peut forger qu’un accord avec ce que l’on sait. C’est ainsi qu’un homme qui aurait de l’anatomie une connaissance achevée, s’il