Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/246

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en outre quelques passages tronqués ; et certes ils ne les ont pas relevés tous. Maintenant, la question est de savoir si ces fautes sont de nature à embarrasser et à égarer le lecteur. Je ne veux point discuter à fond ce point ; je dirai seulement que je n’attache pas grande importance à ces altérations, et quiconque lira l’Écriture sans préjugé sera du même avis ; car, pour ma part, je puis affirmer que je n’ai jamais remarqué dans la Bible aucune faute assez grave, ni, en ce qui touche les principes moraux, aucune différence de leçon assez considérable pour rendre le sens douteux ou absurde. Pour tout le reste, on est assez d’accord que le texte n’est point gravement altéré. La plupart même soutiennent que Dieu, par un témoignage singulier de sa providence, a maintenu les Écritures dans un état de parfaite pureté, et les leçons diverses ne sont à leurs yeux que le signe de profonds mystères. Ils expliquent de même les astérisques qui se trouvent au milieu du paragraphe 28 ; et il n’y a pas jusqu’aux extrémités des lettres hébraïques où ils n’aperçoivent de grands secrets. Est-ce l’effet d’une dévotion aveugle et stupide ? ou d’un orgueil coupable qui les porte à se donner comme seuls dépositaires des secrets de Dieu ? Je ne sais trop ; mais ce que je sais bien, c’est que je n’ai jamais rencontré dans leurs écrits que des superstitions puériles, à la place des secrets qu’ils prétendent posséder. J’ai voulu lire aussi et j’ai même vu quelques-uns des kabbalistes ; mais je déclare que la folie de ces charlatans passe tout ce qu’on peut dire.

On me demandera peut-être de prouver ce que j’ai avancé tout à l’heure, que plusieurs fautes se sont glissées dans le texte de l’Écriture. Mais je ne crois pas qu’aucun homme de bon sens en doute un seul instant, après avoir lu le passage sur Saül que nous avons cité plus haut (voyez Shamuel, liv. I, chap. XIII, vers. 11), auquel on peut joindre celui-ci (ibid., liv. II, chap. VI, vers. 2) : Et David se leva et il partit de Juda avec tout le peuple, afin d’en emporter l’arche de Dieu. Chacun peut voir aisément