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XXXI
la vie de spinoza.

uniquement à renverser ce qu’il y a de plus sacré au monde. Cependant il y a lieu de douter si parmi eux aucun a travaillé à ruiner tout droit humain et divin avec plus d’efficace que cet imposteur, qui n’a eu autre chose en vue que la perte de l’État et de la religion. » Aux pages 5, 6, 7 et 8, il expose fort nettement les expressions philosophiques de Spinoza, explique celles qui peuvent souffrir un double sens, et montre clairement dans quel sens Spinoza s’en est servi, afin de comprendre d’autant mieux sa pensée. À la page 16, § 32, il montre qu’en publiant un tel ouvrage les vues de Spinoza ont été d’établir que chaque homme a le droit et la liberté de fixer sa créance en matière de religion, et de la restreindre uniquement aux choses qui sont à sa portée et qu’il peut comprendre. Il avait déjà auparavant, à la page 14, § 28, parfaitement bien exposé l’état de la question, et marqué en quoi Spinoza s’écarte du sentiment des chrétiens ; et c’est de cette manière qu’il continue d’examiner le Traité de Spinoza, où il ne laisse rien passer, pas la moindre chose, sans le réfuter par de bonnes et solides raisons. Il ne faut point douter que Spinoza lui-même n’ait lu cet écrit du docteur Musæus, puisqu’il s’est trouvé parmi ses papiers après sa mort.

Quoiqu’on ait beaucoup écrit contre le Traité de politique et de théologie, comme je l’ai déjà marqué, il n’y a point eu d’auteur cependant, selon mon sentiment, qui l’ait réfuté plus solidement que ce savant professeur ; et ce jugement que j’en fais est d’ailleurs confirmé par plusieurs autres. L’auteur qui, sous le nom de Theodorus Securus, a composé un petit traité qui porte pour titre : l’Origine de l’athéisme (Origo atheismi), dit dans un autre petit livre intitulé : Prudentia theologica, dont il est aussi l’auteur : « Je suis fort surpris que la dissertation du docteur Musæus contre Spinoza est si rare et si peu connue ici en Hollande ; on devrait y rendre plus de justice à ce savant théologien, qui a écrit sur un sujet si important : car il a certainement mieux réussi qu’aucun autre. » M. Fullerus, in Continuatione Bibliothecæ Universalis, etc., s’exprime ainsi en parlant du docteur Musæus : « L’illustre théologien de Iéna a solidement réfuté le livre pernicieux de Spinoza avec l’habileté et le succès qui lui sont ordinaires, Celeberrimus ille Jenensium theologus Joh. Musæus Spinozæ pestilentissimum fœtum acutissimis, queis solet, telis confodit. »

Le même auteur fait aussi mention de Frédéric Rappoltus, pro-