Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/401

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


NOTES MARGINALES

AJOUTÉES PAR SPINOZA

AU TRAITÉ THÉOLOGICO-POLITIQUE[1].


CHAPITRE I.

Note I (page 1 de la traduction). Les mots hébreux qui signifient prophète, prophétie, ont été bien entendus par R. Salomon Jaschi, mais mal traduits par Aben-Hezra, qui était loin d’être aussi versé dans l’intelligence de la langue hébraïque. Il faut remarquer également ici que le mot hébreu qui répond à prophétie a une signification générale, et comprend toute façon quelconque de prophétiser. Les autres mots qui ont à peu près le même sens sont plus particuliers et marquent tel ou tel genre de prophétie. C’est ce que les doctes savent parfaitement[2].

Note II (page 16 de la traduction). Quoique la science naturelle soit divine, il ne s’ensuit pas cependant que ceux qui l’enseignent soient autant de prophètes, c’est-à-dire autant d’interprètes de Dieu. Celui-là seul, en effet, est interprète de Dieu qui découvre les décrets divins que Dieu même lui a révélés à ceux qui n’ont pas reçu cette révélation et dont la croyance n’a, par conséquent, d’autre appui que l’autorité du prophète et la confiance qu’elle inspire. S’il en était autrement, si les hommes qui entendent les prophètes devenaient prophètes eux-mêmes, comme deviennent philosophes ceux qui entendent les philosophes, le prophète cesserait alors d’être l’interprète des décrets divins, puisque ceux qui entendraient sa parole en connaîtraient la vérité, non sur la foi du prophète, mais par une révélation toute divine, comme la sienne, et par un témoignage intérieur. C’est ainsi que le souverain,

  1. Sur les Notes marginales, voyez notre notice biographique.
  2. Je dois prévenir ici le lecteur qu’il m’a été impossible, ne sachant pas l’hébreu, de traduire complètement et littéralement deux ou trois notes de Spinoza, qui s’adressent surtout aux hébraïsants. En pareil cas j’ai tâché seulement de ne pas m’écarter de sens général de la note, aimant mieux omettre une ligne que de l’entendre mal.