Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/241

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face de cette quatrième partie) de la comparaison que nous faisons des choses, et (par cette même raison) un moindre mal est véritablement un bien ; d’où il résulte (par la Coroll. de la Propos. précéd.) qu’entre deux biens la raison nous fera désirer ou choisir le plus grand, et entre deux maux le moindre. C. Q. F. D.

Corollaire : La raison nous fera désirer un moindre mal pour obtenir un plus grand bien, et négliger un moindre bien afin d’éviter un plus grand mal. Car ce mal, que nous appelons un moindre mal, est véritablement un bien ; et ce moindre bien, au contraire, est un mal (par le Coroll. de la Propos. précéd.). D’où il résulte que nous désirons celui-là et que nous éviterons celui-ci. C. Q. F. D.


PROPOSITION LXVI

La raison nous fera préférer un plus grand bien à venir à un moindre bien présent, et désirer un moindre mal présent qui est la cause d’un plus grand bien à venir.

Démonstration : Si l’âme pouvait avoir une connaissance adéquate d’une chose future, elle en serait affectée comme par une chose présente (en vertu de la Propos. 62, part. 4). Par conséquent, en tant que nous considérons les choses suivant la raison, et c’est l’hypothèse que nous faisons dans cette proposition, il revient au même de supposer le bien et le mal dans l’avenir ou dans le présent. D’où il suit (par la Propos. 65, part. 4) que la raison nous fera préférer un plus grand bien à venir à un moindre bien présent, etc. C. Q. F. D.

Corollaire : La raison nous fera désirer un moindre mal présent qui est la cause d’un plus grand bien à venir, et dédaigner un moindre bien présent qui est la cause d’un plus grand mal à venir. Ce corollaire dépend de la Proposition précédente, comme le corollaire de la Propos. 65 dépend de cette Propos. 65 elle-même.

Scholie :