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Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/328

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DE LA RÉFORME

tent aussi dans l’entendement, c’est-à-dire sont conçues clairement et distinctement ; et alors, tant que nous ne séparons pas ce qui est distinct de ce qui est confus, la certitude, c’est-à-dire l’idée vraie, se trouve mêlée à des idées indistinctes. Par exemple, certains stoïciens ont entendu prononcer par hasard le mot d’âme, et dire que l’âme est immortelle, deux choses qu’ils n’imaginaient qu’avec confusion. Ils imaginaient aussi et en même temps ils comprenaient que les corps les plus subtils pénètrent tous les autres et ne sont pénétrés par aucun. Imaginant tout cela, et tout ensemble se tenant assurés de la certitude de l’axiome précédent, ils acquéraient aussitôt la certitude que l’esprit n’est autre chose que ces corps très-subtils, que ces corps si subtils ne se divisent pas, etc., etc. Voulons-nous nous délivrer aussi de ce danger, il suffit que nous nous efforcions d’examiner toutes nos perceptions d’après la règle de l’idée vraie qui nous est donnée. Soyons en garde, comme nous l’avons dit dès le commencement, contre tout ce que nous tenons d’un ouï-dire ou d’une expérience vague. Ajoutez qu’une telle erreur vient de ce que l’on conçoit les choses trop abstractivement ; car il est clair de soi que ce que je conçois dans son véritable objet, je ne puis l’appliquer à un autre. Cette erreur vient, en outre, de ce que l’on ne comprend pas les premiers éléments de toute la nature ; et c’est ainsi qu’en procédant sans ordre et en confondant la nature avec les principes abstraits, bien qu’ils soient de véritables axiomes, on s’aveugle soi-même et on renverse l’ordre de la nature. Pour nous, si nous procédons avec le moins d’abstraction possible, si nous remontons autant qu’il se peut faire aux premiers éléments, c’est-à-dire à la source et à l’origine de la nature, une telle erreur n’est plus à redouter. Or, en ce qui concerne l’origine de la nature, il n’est nullement à craindre que nous la confondions avec des abstractions ; car lorsque l’on a une conception abstraite, comme sont tous les universaux,