Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/409

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que vous vous donnez la peine (inutile à mon avis) de trouver dans mon sentiment sur ce point, je suppose que vous entendez par parabole tout autre chose que ce que l’on entend d’ordinaire ; car qui a jamais pu croire qu’exprimer une pensée par une parabole, ce soit la détourner de son vrai sens ? Quand Michée dit au roi Achab qu’il avait vu Dieu assis sur son trône et les armées célestes placées à ses cotés, et que Dieu avait demandé à ses anges qui d’entre eux se chargerait d’abuser Achab , certes, c’était là une parabole dont se servait le prophète en cette occasion (où il ne s’agissait point de faire connaître les dogmes de la théologie dans leur sublimité), et qui suffisait pour exprimer le fond de l’avertissement que Michée avait à donner au nom de Dieu. Or on ne peut dire que le prophète ait détourné la pensée divine de son véritable sens. De même d’autres prophètes ont manifesté au peuple la parole de Dieu, par ordre de Dieu même, en se servant de paraboles semblables comme d’un moyen qui, sans leur être prescrit par Dieu, leur paraissait le meilleur pour ramener le peuple au primitif esprit de l’Écriture sainte, qui est, suivant les paroles mêmes de Jésus-Christ, d’aimer Dieu par-dessus toutes choses et le prochain comme soi-même. Selon moi, les sublimes spéculations n’ont rien à voir avec l’Écriture ; et je déclare, pour ma part, que je n’y ai jamais appris ni pu apprendre un seul des attributs éternels de Dieu.

Quant au cinquième argument que vous élevez contre moi, savoir : que les prophètes ont dû manifester la parole de Dieu de telle façon déterminée, la vérité ne pouvant être en contradiction avec la vérité, cela revient, pour quiconque entend la méthode de démonstration, à me demander que je démontre que l’Écriture est la vraie parole de Dieu révélée, comme elle l’est en effet. Or je ne puis donner de cette vérité une démonstration