Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/433

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donc forcé de vous envoyer cette lettre par l’ordinaire. Je ne doute pas que vous ne connaissiez quelqu’un à La Haye qui veuille prendre soin de nos lettres ; je désirerais bien avoir une personne à notre convenance pour cet objet : il y aurait à la fois plus de commodité et plus de sécurité. Avez-vous le Traité théologico-politique ? Si un exemplaire vous est agréable, je vous l’enverrai.


Lettre XXVII.

À MONSIEUR B. DE SPINOZA,

LOUIS FABRICIUS.



MONSIEUR,


En vous écrivant sans avoir l’honneur de vous connaître, j’obéis aux ordres du sérénissime électeur palatin, mon très-excellent maître, qui a pour vous la plus grande estime. Il me charge de vous demander si vous seriez disposé à remplir dans son illustre Académie la chaire de professeur ordinaire de philosophie. Le traitement annuel serait le même dont jouissent en ce moment les professeurs ordinaires de l’Académie. Vous ne trouverez nulle part ailleurs, Monsieur, un prince plus favorable aux hommes de grand talent, au nombre desquels il se plaît à vous distinguer. Vous aurez pour philosopher toute liberté, le prince étant convaincu que vous n’en abuserez pas pour troubler la religion établie. Je me conforme, comme je le dois, aux ordres de ce sage prince en vous priant instamment, Monsieur, de me donner le plus tôt possible une réponse. Vous pourrez me la faire tenir, soit par le ministre résident du sérénissime électeur à La Haye, M. Grotius, soit par M. Gilles Van