Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/231

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Là, parmi les poulets, colorés de tons roux,
J’avise le plus blond, je le prends et le mange,
Les pieds sur les chenets, où nul ne me dérange.
Puis au bouchon voisin, pour arroser mon rôt,
Je sable du meilleur, sans payer mon écot.

Géronte.
C’est merveilleux !

Frontin.
C’est merveilleux !J’en use avec la friperie
Comme avec la taverne et la rôtisserie.
Demandez-moi mes yeux, demandez-moi ma peau,
Ma femme, mes enfants, mais non pas mon chapeau.

Géronte.
De ce feutre coiffé, qu’il me serait facile
De savoir ce que font Valère et ma pupille !

Frontin.
Pour un tuteur hors d’âge, amoureux et jaloux,
Ce moyen est plus sûr que grilles et verrous :
Avec un tel trésor, plus de ruse possible ;
Devant le criminel vous surgissez, terrible,
Au moment périlleux, sans que l’on sache d où,
Comme un diable à ressort qui jaillit d’un joujou !

Géronte.
Je te l’achète.

Frontin.
Je te l’achète.Non. — Vous êtes trop avare !
Ce feutre me fait roi de France et de Navarre,
Et vous m’en offririez des prix déshonorants.

Géronte.