Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/117

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bres : les arbres croîtront ; avec eux vous croîtrez, mes amours !

« Cependant, je parcourrai, en compagnie des nymphes, les détours du Ménale, ou je poursuivrai le sanglier fougueux. Les rigueurs de l’hiver ne m’empêcheront pas d’entourer de ma meute les bois du Parthenius. Déjà même je crois franchir les rochers, les forêts retentissantes ; rival du Parthe, je me plais à lancer les flèches de Cydon. D’un amour incurable remèdes impuissants ! Le dieu qui me poursuit se laisse-t-il donc attendrir aux peines des mortels ? Déjà, et les nymphes des bois, et les chants que j’aimais, tout m’importune : adieu forêts, adieu ! Tous nos efforts ne sauraient changer l’Amour. En vain nous irions, au plus fort de l’hiver, boire les eaux glacées de l’Hèbre ; en vain nous affronterions les neiges et les pluies de la Thrace ; en vain dans la saison où l’écorce meurt desséchée sur l’ormeau, nous ferions paître sous le brûlant Cancer les troupeaux d’Éthiopie : l’Amour triomphe de tout ; nous aussi, cédons à l’Amour ! »

C’est assez, Muses, pour votre poëte d’avoir chanté ces vers, tandis qu’assis il tresse en corbeilles le jonc flexible. C’est vous qui rendrez ces vers précieux pour Gallus ; Gallus, pour qui d’heure en heure s’accroît mon amour, comme au retour du printemps s’élance dans les airs l’aune verdoyant.