Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/126

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Laboureurs, demandez au ciel des étés humides et des hivers sereins ; un hiver poudreux promet une abondante récolte : alors, surtout, la Mysie vante ses belles cultures, et le Gargare lui-même admire la richesse de ses moissons.

Que dirai-je de celui qui, la semence à peine confiée à la terre, brise les mottes dont la plaine est hérissée, y introduit ensuite l’eau d’un fleuve coupé par de nombreux canaux ? Et, lorsque l’herbe meurt desséchée par un soleil brûlant, voyez-le amener de la pente d’un coteau l’onde docile qui, roulant avec un doux murmure sur un lit de cailloux, ravive la verdure des champs désaltérés. Parlerai-je de celui qui, pour empocher les tiges trop faibles de plier sous le poids des épis, abandonne à ses troupeaux le luxe de l’herbe naissante, lorsque le blé, encore en herbe, commence à poindre au niveau du sillon ? ou de celui qui fait couler dans des rigoles les eaux qui dorment sur ses guérets, surtout si les fleuves débordés ont inondé les campagnes, et formé ces mares d’où s’exhalent d’impures vapeurs ?

Cependant, malgré ces efforts et des hommes et des bœufs pour remuer la terre, craignez encore l’oie vorace, la grue du Strymon, les herbes amères, et l’ombre nuisible. Jupiter a voulu que