Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/129

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leaux ferrés, des traîneaux, des herses et de lourds râteaux ; puis, les ouvrages d’osier, meubles peu chers, inventés par Célée ; les claies d’arboisier, le van mystique consacré à Bacchus. Tels sont les instruments que tu auras soin de te procurer longtemps d’avance, si tu aspires à l’honneur d’avoir un champ bien cultivé.

Dans la forêt même qui l’a vu naître, on courbe avec de grands efforts un jeune ormeau, pour le disposer à prendre la forme d’une charrue : on y adapte un timon qui s’étend de huit pieds en avant, et, entre deux oreillons, on fixe un double soc. Il faut aussi couper d’avance et le tilleul et le hêtre légers, destinés à former, l’un le joug, l’autre le manche qui doit, par derrière, tourner à volonté la charrue : on laisse la fumée du foyer où ces bois sont suspendus les éprouver et les durcir.

Je puis te rappeler une foule d’autres préceptes qui nous viennent de nos ancêtres, si tu ne dédaignes pas de t’arrêter avec moi à ces petits détails.

Il faut d’abord, sous un long cylindre, aplanir l’aire où tu battras le blé ; puis, avec ta main, la pétrir, en y mêlant une craie visqueuse ; autrement les herbes y croîtraient ; et, en la crevassant, la sécheresse ouvrirait un passage à mille fléaux. Souvent le mulot y a creusé sa demeure et construit ses greniers ;