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nuit, ou par la rosée matinale dont l’Aurore humecte la terre. La nuit, on coupe avec moins de peine le chaume léger ; la nuit, les prés desséchés se fauchent mieux ; ils sont alors imprégnés d’une douce humidité.

Plusieurs veillent pendant l’hiver à la lueur d’une lampe rustique ; ils taillent en pointe le bois résineux qui doit les éclairer. Près d’eux, charmant par ses chants les ennuis d’un long travail, leur compagne fait entre la chaîne et la trame courir la bruyante navette, ou bouillir dans un vase d’airain le vin doux, dont elle enlève avec une branche de feuillage l’écume qui tremble ondoyante à la surface.

Mais c’est en plein soleil qu’il faut couper les épis dorés, en plein soleil qu’il faut broyer sur l’aire les moissons que la chaleur a mûries. Dépouillez-vous de votre tunique pour semer et pour labourer ; l’hiver sera pour le laboureur le temps du repos. C’est ordinairement dans la froide saison qu’il jouit du fruit de ses travaux, et que, dans des repas donnés et reçus tour à tour, il se livre à une douce gaieté. L’hiver l’invite au plaisir et chasse les soucis. Ainsi, quand les navires chargés de richesses ont enfin touché le port désiré, les matelots triomphants en couronnent la poupe.

L’hiver cependant a ses occupations : on dépouille le chêne de ses glands ; on recueille l’olive, la baie du laurier et celle du