Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/136

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myrte ; et quand une neige épaisse couvre la terre, quand les rivières charrient des glaçons, on tend des lacs à la grue, aux cerfs des filets ; on suit la trace du lièvre inquiet, on terrasse le daim léger à l’aide d’une pierre qui s’échappe rapide de la fronde.

Parlerai-je des tempêtes et des constellations de l’automne ; des soins que doit prendre le laboureur, quand déjà les jours sont plus courts et que la chaleur est plus douce, ou lorsqu’à la fin du printemps pluvieux les champs se hérissent d’épis, et que les blés se gonflent de lait dans leur verte enveloppe ?

Souvent, au moment même où le maître introduisait les moissonneurs au milieu des épis jaunissants, et déjà les liait en faisceaux, j’ai vu les vents déchaînés se livrer d’affreux combats, déraciner, faire voler dans les airs les épis chargés de grains, et emporter au loin dans de noirs tourbillons et le chaume léger et la paille voltigeante. Souvent aussi s’amassent au ciel des torrents de pluie, et, dans leurs flancs obscurs, les nuages amoncelés recèlent d’affreuses tempêtes. Le ciel se fond en eau et, sous un déluge de pluie, entraîne les riantes récoltes et le fruit du travail des bœufs. Les fossés se remplissent, les fleuves s’enflent à grand bruit, et, dans ses détroits, la mer s’agite et bouil-