Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/142

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naufrage, les matelots acquitteront les vœux adressés à Glaucus, à Panopée, à Mélicerte.

Le soleil, et lorsqu’il se lève, et lorsqu’il se plonge dans les ondes, te peut aussi offrir des présages ; et les présages qu’il donne à son lever et à son coucher ne trompent jamais. Son disque naissant est-il semé de taches et à moitié enveloppé dans un sombre nuage ? alors redoute la pluie ; car de la mer s’élève un vent du Midi, mortel aux arbres, aux moissons, aux troupeaux. Le soleil, à son lever, laisse-t-il, du sein des nuages qui l’obscurcissent, s’échapper çà et là quelques faibles rayons ? l’Aurore sort-elle pâle de la couche dorée de Tithon ? hélas ! que le pampre aura de peine à défendre son tendre fruit contre la grêle épaisse qui, sur nos toits, rebondit avec un horrible fracas !

Mais c’est surtout lorsque, parvenu au terme de sa carrière, le soleil va quitter l’Olympe, qu’il est utile de le bien observer. Souvent alors on voit sur son disque flotter différentes couleurs : l’azur annonce la pluie ; le rouge, le vent. Si à cet éclat de la pourpre se mêlent quelques nuances de bleu, la pluie et les vents conjurés causeront d’affreux ravages. Durant une telle nuit, je me garderais bien de gagner la haute mer ou de couper le câble qui retient ma barque. Mais si, lorsqu’il nous rend ou nous