Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/143

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retire le jour, son disque brille tout entier, pur et radieux, les nuages te menaceront vainement, et, sous un ciel serein, l’Aquilon seul agitera la cime des forêts. Enfin, le soleil t’apprendra quel temps amènera l’étoile du soir ; comment les vents, chassant les nuages, rappelleront la sérénité dans les airs ; quels orages médite l’humide Auster.

Le soleil ! qui oserait l’accuser d’imposture ? Souvent il nous révèle ces fureurs, ces complots, ces guerres qui, sourdement préparés, sont sur le point d’éclater.

Le soleil, après la mort de César, prenant pitié de Rome, couvrit d’un voile sanglant son disque lumineux, et fit craindre à un siècle parricide une nuit éternelle. Alors aussi et la terre et la mer, et les hurlements des chiens, et les cris sinistres des oiseaux annoncèrent nos malheurs. Combien de fois nous vîmes l’Etna, brisant ses voûtes profondes, inonder les campagnes des Cyclopes, et rouler des tourbillons de flammes et des rochers liquéfiés ! La Germanie entendit de toutes parts retentir dans les airs le bruit des armes. Les Alpes ressentirent des secousses jusque-là inconnues ; dans les bois sacrés, au milieu du silence de la nuit, on entendit des voix lamentables. Des fantômes d’une effrayante pâleur se montrèrent à l’entrée de la nuit, et, pour comble d’horreur, les animaux parlèrent ! Les fleuves suspendent