Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/145

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chancelant ! assez et trop longtemps notre sang a expié les parjures de la race de Laomédon. Depuis longtemps, César, le ciel nous envie ta présence ; il se plaint de te voir sensible encore aux triomphes décernés par les hommes. Sur la terre, en effet, toutes les idées du juste et de l’injuste sont renversées : partout la guerre, partout le crime sous mille faces diverses : la charrue est sans honneur ; privés de bras, les champs déserts se couvrent de ronces, et la faux recourbée se convertit en un glaive homicide. Ici l’Euphrate, plus loin le Danube, préparent la guerre contre nous ; les villes voisines, brisant et les traités et les lois, combattent les unes contre les autres ; Mars, dans tout l’univers, a soufflé sa fureur impie.

Tels, une fois lancés dans la carrière, les quadriges dévorent l’espace : vainement leur guide veut les retenir ; il est emporté par ses coursiers ; et le char n’entend plus le frein ni la voix.