Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/150

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des coins, un tronc qu’aucun nœud ne hérisse : dans cette fente, on introduit les jets qui le doivent féconder ; et bientôt l’arbre élève vers le ciel ses branches fécondes et voit avec étonnement ce nouveau feuillage et ces fruits qui ne sont pas les siens.

Il faut aussi distinguer les différentes espèces d’ormes, de saules, de lotos, de cyprès. Les olives ne se présentent pas toujours sous une seule et même forme ; rondes ici, oblongues ailleurs ; d’autres, amères, sont bonnes pour le pressoir. Mêmes variétés dans les arbres fruitiers qui embellissaient les jardins d’Alcinoüs. La même tige ne produit pas les poires de Crustume, de Syrie, et ces poires d’une grosseur à remplir la main. La vigne ne suspend pas à nos arbres des grappes semblables à celles que, sur les coteaux de Méthymne, vendange Lesbos. On connaît les vignes blanches de Thasos et du lac Maréotis ; celles-ci se plaisent dans un terrain gras, celles-là dans un sol plus léger. La Psythie produit la meilleure malvoisie, et la vigne de la couleur du lièvre donne ce vin léger qui enchaînera la langue et les pieds du buveur ; il en est de rouges, il en est de précoces. Mais où trouver des vers dignes de toi, vin de Rhétie ? Ne prétends point cependant le disputer aux celliers de Falerne. Pour la force, on préfère les vins d’Aminée, auxquels le cèdent et le Tmolus et le Phanaé lui-même, ce roi des vignobles ; n’ou-