Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

froids du nord, les parties qui y étaient exposées : tant l’habitude des premiers ans a de puissance !

Vaut-il mieux planter la vigne sur les coteaux ou dans une plaine ? C’est ce qu’il faut d’abord examiner. Si tu choisis une terre grasse, presse les rangs ; pour être serrés, tes ceps ne dégénéreront point dans un terrain fertile. Préfères-tu la pente d’un terrain inégal, ou le dos des collines ? écarte un peu les rangs ; et qu’alignés avec soin, tes ceps, comme autant de routes régulières, laissent entre eux des intervalles égaux. Telle, aux approches d’un grand combat, une armée déploie avec ordre ses nombreux bataillons dans une vaste plaine ; la terre semble au loin ondoyer sous l’éclat de l’airain ; l’horrible mêlée n’est point encore engagée ; Mars erre encore incertain entre les deux armées. Partage ainsi le terrain en allées uniformes, non pour flatter les yeux par une vaine symétrie, mais parce que, sans cela, la terre ferait de ses sucs un partage inégal, et la vigne ne pourrait en liberté étendre ses rameaux.

Peut-être demanderas-tu quelle doit être la profondeur des fossés. La vigne n’a besoin que d’un sillon légèrement creusé ; l’arbre veut être plus profondément enfoncé dans la terre, le chêne surtout, dont la tête s’élève dans les cieux, et dont les