Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/158

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pétrir, loin de se dissoudre, elle s’attache comme une poix visqueuse aux doigts qui la façonnent.

Un sol humide se reconnaît à la hauteur des herbes et à l’excès même de sa fertilité. Redoute le luxe de sa végétation et cette force malheureuse qui s’épuise en épis prématurés !

À son poids seul, on juge si une terre est lourde ou légère. Il est facile de voir si une terre est noire ou de toute autre couleur ; mais il est plus difficile d’en reconnaître le froid meurtrier. Le pin, l’if malfaisant, le lierre noir qui y croissent offrent seuls quelques indices de ce défaut secret.

Ces observations faites, prépare longtemps d’avance la terre qui doit recevoir tes plants ; que de nombreux fossés entrecoupent le penchant des coteaux ; que la glèbe retournée reste longtemps exposée aux fureurs de l’Aquilon. Le meilleur sol, c’est le plus friable ; cette qualité, les vents, les frimas et les bras robustes du vigneron la lui donnent. Le cultivateur dont la prévoyance songe à tout, choisit, pour former sa pépinière et disposer son plant, un terrain semblable, de peur que le jeune cep, brusquement arraché au sol maternel, ne le puisse oublier. D’autres vont même jusqu’à marquer sur l’écorce de l’arbre son exposition première, afin de rendre aux chaleurs du midi, aux