Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même que d’autres fleurissent sur cette terre désolée. Le funeste olivier, avec ses feuilles amères, survit seul au désastre.

Ne cède jamais au conseil (quelque sage que soit celui qui te le donne) de remuer une terre endurcie par le souffle de Borée. L’hiver alors resserre le sein des campagnes, et les semences n’y peuvent prendre racine, glacées qu’elles sont par le froid. Le meilleur moment pour planter la vigne, c’est lorsque, aux premières rougeurs du printemps, revient l’oiseau brillant redouté des couleuvres, ou bien encore aux premiers froids de l’automne, quand le soleil, dans sa course rapide, n’a point encore atteint l’hiver, et que cependant les chaleurs sont passées.

Telle est la puissance du printemps : il rend aux bois leur feuillage, aux forêts leur séve. Au printemps, la terre se gonfle, impatiente de recevoir les germes créateurs. Alors le puissant dieu de l’air descend en pluies fécondes dans le sein de son épouse joyeuse, et, s’unissant à son vaste corps, il vivifie les semences qu’elle a reçues. Alors les bosquets retentissent du chant harmonieux des oiseaux, et les troupeaux revolent aux plaisirs de l’amour. La terre enfante, et se couvre de verdure ; à la douce haleine du Zéphyr, les champs entr’ouvrent leur sein : une douce séve circule partout. Le germe se confie sans crainte aux rayons d’un soleil nouveau ; et, bravant le souffle orageux du midi et les