Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/162

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froides pluies que l’Aquilon amène, la vigne montre ses tendres bourgeons et déploie tout son feuillage.

Non, le monde naissant ne vit pas briller d’autres jours ; autre ne fût pas son aspect. C’était un éternel printemps ; le printemps seul alors remplissait le grand cercle de l’année ; l’Eurus craignait de souffler la froidure, quand, pour la première fois, les animaux s’abreuvèrent de la lumière, quand une race de fer s’éleva du sein pierreux de la terre, quand les bêtes féroces s’élancèrent dans les forêts, et les astres dans le ciel. La faiblesse des plantes naissantes ne pourrait supporter l’excès de la chaleur ou du froid, si, entre ces deux extrêmes, une douce température ne venait consoler la terre.

Ensuite, quels que soient les arbustes que tu plantes, ne leur épargne pas l’engrais, et n’oublie pas de les recouvrir d’une couche épaisse de terre, ou d’y enfouir des pierres spongieuses et des débris de coquillages. Ainsi les eaux et l’air y pénétreront plus aisément, et les jeunes ceps s’élèveront plus vigoureux. On a vu même des vignerons les charger de pierres et d’énormes tessons : c’est un rempart contre les pluies trop abondantes et contre l’ardente canicule, lorsqu’elle fend la terre altérée.

Tes ceps sont-ils plantés, il te reste à ramener souvent la