Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/171

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leurs cornes naissantes. Lui aussi a ses jours de fête. Couché sur l’herbe, autour d’un grand feu, avec ses compagnons qui remplissent les coupes jusqu’aux bords, il t’invoque, ô Bacchus, et t’offre des libations. Puis il montre à ses bergers, au haut d’un orme, le prix de l’adresse à lancer le javelot, ou exerce leurs corps nus dans une lutte champêtre.

Ainsi vécurent les vieux Sabins, ainsi Rémus et son frère ; ainsi s’accrut la vaillante Étrurie ; ainsi Rome est devenue la merveille du monde, et seule, dans son enceinte, a renfermé sept collines. Avant le règne de Jupiter, avant qu’une race impie se nourrît de la chair des taureaux égorgés, ainsi vivait Saturne dans l’âge d’or. On n’avait point encore entendu la voix éclatante du clairon, ni le bruit du glaive meurtrier retentissant sur la dure enclume.

Mais nous avons fourni une immense carrière ; il est temps de délivrer du joug le cou fumant de nos coursiers.