Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/170

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boire dans une pierre précieuse et dormir sur la pourpre de Tyr. Celui-ci enfouit ses richesses et couve son trésor. L’un reste en extase devant la tribune aux harangues ; l’autre s’enivre avidement des applaudissements redoublés que le peuple et les patriciens font entendre au théâtre. Des frères triomphent, couverts du sang de leurs frères : ils échangent contre l’exil la maison et le doux foyer paternels, et vont, sous d’autres cieux, chercher une patrie.

Le laboureur, avec le soc de la charrue, ouvre le sein de la terre : ce travail amène tous ceux de l’année ; c’est par là qu’il nourrit sa patrie, et ses petits enfants, et ses troupeaux de bœufs, et ses jeunes taureaux qui l’ont bien mérité. Pour lui, point de repos qu’il n’ait vu l’année regorger de fruits, ses agneaux peupler sa bergerie, ses sillons se couvrir d’épis, ses greniers s’affaisser sous la récolte. Vient l’hiver : le pressoir broie l’olive de Sicyone ; les porcs reviennent rassasiés de glands ; les forêts donnent leurs baies sauvages ; l’automne fournit ses productions diverses, et la douce vendange mûrit sur les coteaux qu’échauffe un soleil ardent. Cependant, suspendus au cou du laboureur, ses enfants chéris se disputent ses caresses ; sa chaste maison garde les lois de la pudeur. Ses vaches laissent pendre leurs mamelles pleines de lait ; et ses gras chevreaux font, sur le vert gazon, l’essai de