Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/176

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s’effraie pas d’un vain bruit. Son encolure est haute, sa tête effilée, son ventre court, sa croupe arrondie. Ses muscles ressortent sur son poitrail vigoureux. On estime assez le gris et le bai brun, fort peu le blanc et l’alezan clair. Si au loin retentit le bruit des armes, le coursier ne peut tenir en place ; il dresse l’oreille ; tout son corps s’agite, et, frémissant, il roule dans ses naseaux le feu qui s’en échappe. Son épaisse crinière flotte et retombe sur son épaule droite. Son épine dorsale court double le long de son dos ; son pied creuse la terre, qui retentit sous sa corne solide. Tels furent Cyllare que dompta le frein de Pollux ; tels les coursiers du dieu Mars et du grand Achille, tant célébrés par les poëtes grecs ; tel enfin parut Saturne, lorsqu’à l’arrivée imprévue de son épouse, il s’enfuit agitant une crinière de coursier, et remplit le mont Pélion de hennissements aigus.

Lorsqu’il languit appesanti par la maladie, ou affaibli par l’âge, enferme-le, et ménage son honorable vieillesse. Devenu, par le froid des années, inhabile au plaisir, il se consume en efforts stériles ; et si parfois il engage le combat, son inutile ardeur s’éteint comme un feu de paille sans aliment. Observe donc principalement sa vigueur et son âge ; puis, ses autres quali-