Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tés, sa race, sa douleur dans la défaite, sa joie dans la victoire.

Vois-tu ces chars rapides, après s’être élancés de la barrière, se précipiter dans la lice, et dévorer l’espace, lorsque, tressaillant d’espérance et le cœur palpitant de crainte, les jeunes combattants pressent du fouet leurs coursiers, et, penchés en avant, leur lâchent les rênes ? L’essieu vole et s’enflamme dans sa rapidité ; ils semblent tantôt se baisser, tantôt se dresser dans l’espace et monter dans les airs sur l’aile des vents. Point de repos, point de relâche ; cependant un nuage de poussière s’élève autour d’eux. Les vainqueurs sont mouillés du souffle et de l’écume des vaincus qui les pressent : tant ils aiment la gloire, tant pour eux la victoire a de prix !

Érichthon osa, le premier, atteler à un char quatre chevaux de front, et, sur des roues rapides, s’élancer vainqueur. Montés sur ces fiers coursiers, les Lapithes les soumirent au frein, leur apprirent à cadencer leur pas, et à bondir dans la plaine sous un cavalier armé. Pour la course des chars comme pour le manége, les maîtres de l’art veulent un cheval également jeune, ardent et agile, eût-il cent fois poursuivi les ennemis en fuite ; eût-il pour patrie l’Épire ou la belliqueuse Mycènes ; fit-il remonter son origine jusqu’au trident de Neptune.