Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/181

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flatte. Je veux qu’il s’enhardisse à tout cela, dès qu’il sera séparé de la mamelle, et que faible encore, encore craintif et sans expérience, il présente déjà sa tête à un léger licou. Mais a-t-il atteint son quatrième été, que dès lors il commence à tourner dans un manège, à bondir, à marcher en cadence, à développer avec grâce des jarrets nerveux ; et que ses exercices deviennent un travail. Bientôt, à la course, il devancera les vents, et, lancé dans la plaine, libre de tout frein, imprimera à peine ses traces sur la poussière. Tel, des régions hyperborées, se précipite le fougueux Aquilon, dispersant au loin les frimas et les nuages de la Scythie. Les vagues des moissons, les plaines ondoyantes frémissent doucement agitées ; les forêts balancent leur cime harmonieuse, et les flots pressés viennent de loin battre le rivage : l’Aquilon vole, et, dans sa course impétueuse, balaye et les terres et les mers.

Ainsi dressé, ton coursier se couvrira de sueur aux champs d’Élis ; et, impatient de fournir la carrière olympique, il rougira son mors d’une écume sanglante ; ou bien, d’un cou docile, il emportera le char léger du Belge. Attends, pour lui donner une nourriture forte et abondante, qu’il soit dompté ; plus tôt, sa fierté se révolterait contre le fouet, et refuserait d’obéir au frein qui gourmande sa bouche.