Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pêtres, commence de bonne heure à les façonner, à les plier au joug, tandis que leur jeunesse est docile, et leur âge souple aux impressions. D’abord, attache à leur cou un cercle d’osier qui y flotte librement ; ensuite, quand leur fierté sera faite au joug, qu’unis par leurs colliers mêmes, ils marchent de front et du même pas. Que déjà ils traînent des charriots vides, qui laissent à peine des traces sur la poussière. Plus tard, le hêtre façonné en essieu criera sous une charge pesante, et, attelés à un timon d’airain, ils le traîneront avec de pénibles efforts. Cependant à cette jeunesse indomptée tu donneras pour nourriture, outre le gazon, les feuilles minces du saule, l’herbe des marais et le superflu de tes blés. Ne va pas, comme nos pères, garder pour toi le lait dont tes génisses rempliront les vases ; leurs doux nourrissons doivent seuls épuiser leurs mamelles.

Aimes-tu mieux la guerre et ses fiers escadrons, les courses des chars rapides près des rives de l’Alphée et des bois sacrés de Jupiter ? accoutume le cheval à la vue des armes et des combats, au bruit de la trompette, au roulement des roues qui crient sur le sable, et au cliquetis des freins. Que chaque jour, plus sensible aux caresses d’un maître, il tressaille sous la main qui le