Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/183

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le jour, il s’essaye ; de ses cornes il attaque le tronc des arbres, fatigue l’air de mille coups, et prélude au combat en faisant voler la poussière. Enfin, il a rassemblé ses forces, il a retrouvé sa vigueur ; il part et fond tout à coup sur l’ennemi qui l’a oublié. Tel, formé au sein des mers, le flot d’abord blanchit, s’allonge, s’approche de la plage, se brise avec fracas sur les rochers, s’élève à leur hauteur, et retombe de tout son poids ; au fond de ses abîmes l’onde bouillonne, et vomit un sable noir à sa surface.

Ainsi, tous les êtres qui peuplent la terre, hommes, bêtes fauves, troupeaux, habitants des eaux et des airs, s’abandonnent aux transports et aux ardeurs de l’amour ; l’amour exerce sur tous le même empire. Jamais, oubliant ses lionceaux, la lionne n’erra plus terrible dans les campagnes ; jamais les ours hideux n’ont semé avec plus de fureur la mort et le carnage dans les forêts. Alors le sanglier devient féroce, et le tigre redouble de cruauté. Malheur, hélas ! à ceux qui errent alors dans les déserts de la Libye ! Ne vois-tu pas le frissonnement qui agite tous les membres du cheval, si l’air seulement lui apporte une odeur bien connue ? Ni les freins, ni les fouets, ni les rochers, ni les ravins, ni les fleuves grossis des débris des montagnes ne le