Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/184

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peuvent arrêter. Le sanglier sabin lui-même se prépare au combat ; il aiguise ses défenses, il creuse la terre de son pied ; et frottant contre un arbre ses flancs et ses épaules, il les endurcit aux blessures.

Que n’ose point un jeune homme, quand les feux de l’amour dévorent ses veines brûlantes ? La nuit, au plus fort de l’orage, il traverse une mer couverte de ténèbres. Vainement sur sa tête le ciel s’ouvre et la foudre éclate ; vainement l’onde se brise avec fracas contre les rochers ; rien ne peut l’arrêter, ni la voix de ses malheureux parents, ni le désespoir d’une amante dont la mort doit suivre son trépas.

Que dirai-je des lynx de Bacchus, de la race belliqueuse des loups et des chiens ? Les cerfs timides eux-mêmes se livrent des combats. Mais c’est surtout dans les cavales que ces fureurs sont terribles ; Vénus elle-même les leur inspira, lorsqu’aux champs de Béotie elles dévorèrent les membres du malheureux Glaucus. L’amour les emporte au delà des sommets du Gargare, au delà des ondes bruyantes de l’Ascagne ; elles franchissent les monts, elles traversent les fleuves. À peine les feux de l’amour se sont-ils allumés dans leurs veines avides, au printemps surtout, (car c’est au printemps que cette chaleur se réveille), elles s’arrêtent sur la cime des rochers, et, tournées vers le Zéphyr, elles recueillent ses douces haleines, et souvent, ô prodige ! fécondées