Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/185

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par son souffle seul, elles se précipitent à travers les rochers, les torrents et les vallées profondes, et non vers les régions d’où tu viens, Eurus, ni vers celles qu’éclaire le soleil naissant, mais du côté de Borée, du côté où, chargé de sombres nuages, l’Auster vient attrister le ciel de ses pluies glaciales. C’est alors qu’elles distillent ce poison que les bergers ont justement appelé hippomane ; l’hippomane qu’ont souvent recueilli de cruelles marâtres pour le mêler avec des herbes vénéneuses, en prononçant des paroles coupables.

Mais le temps fuit ; il fuit sans retour, tandis que le charme de l’amour nous égare dans cette foule de détails.

C’est assez parler des grands troupeaux : nous avons maintenant à nous occuper de la brebis à la riche toison, de la chèvre au long poil. Objet de vos soins, ces animaux feront votre gloire, laborieux habitants des campagnes. Je le sais, il est difficile de vaincre par l’expression l’aridité de la matière, et de prêter à d’humbles sujets l’éclat de la poésie ; mais un doux penchant m’entraîne sur les cimes désertes du Pinde ; j’aime à me frayer, vers les sources sacrées de Castalie, des routes nouvelles. Viens donc, auguste Palès, viens soutenir ma voix.

D’abord, renfermées l’hiver dans de douces étables, les brebis