Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/187

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les vents, avec d’autant plus de zèle, que, dans tout le reste, elle a moins besoin des soins de l’homme ; apporte-lui de l’herbe et des branches d’arboisier, et, pendant tout l’hiver, ne ferme pas tes greniers.

Mais quand, à l’appel des zéphyrs, le doux printemps, de retour, appelle les brebis aux pâturages et les chèvres dans les bois, parcourons les fraîches campagnes, au lever de l’astre de Vénus, alors que le jour vient d’éclore, qu’un léger frimas blanchit la prairie, et que l’herbe tendre brille encore de la rosée, si agréable aux troupeaux. Lorsque la quatrième heure du jour a réveillé leur soif, et que la cigale plaintive fatigue les bois de son cri monotone, mène-les aux citernes, aux étangs profonds, boire l’eau qui court dans des canaux d’yeuse ; mais, au milieu des chaleurs, qu’elles aillent chercher une sombre vallée, sur laquelle le chêne de Jupiter étende ses antiques et immenses rameaux, et où l’yeuse toujours verte projette au loin son ombre sacrée. Au coucher du soleil, il faut de nouveau les abreuver, de nouveau les faire paître, quand Vesper ramène la fraîcheur, quand la lune, versant la rosée, ranime les forêts, quand l’alcyon fait retentir le rivage de ses cris, et que le rossignol chante dans les buissons.

Dirai-je les pasteurs de Libye, leurs pâturages, et ces solitudes où apparaissent çà et là quelques chétives cabanes ? Le jour, la