Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/191

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pain pétri avec le petit-lait le plus gras, nourris et l’agile lévrier de Sparte, et le dogue vigoureux d’Épire. Avec de tels gardiens, tu ne craindras pour tes bergeries ni le voleur nocturne, ni le loup affamé, ni les soudaines attaques de l’indomptable Ibère. Avec eux encore tu poursuivras l’âne sauvage, tu courras et le lièvre et le daim : la meute aboyante relancera dans sa bauge le sanglier, et, poursuivant à grands cris le cerf sur les montagnes, elle le forcera à se jeter dans tes filets.

N’oublie pas non plus de purifier tes étables en y brûlant du bois de cèdre, et d’en chasser les reptiles impurs par l’odeur du galbanum. Souvent, sous la crèche immobile, la perfide vipère se cache, loin du jour qu’elle redoute ; souvent la couleuvre, cruel fléau des bœufs, accoutumée à chercher l’ombre et l’abri, se glisse sous les pieds des troupeaux pour les infecter de son venin. Saisis une pierre, un bâton ; et, quand le monstre se dresse avec menace et gonfle son cou en sifflant, frappe : déjà il a fui, déjà il a caché sa tête au fond de son repaire ; mais le milieu de son corps tortueux et les derniers anneaux de sa queue sont brisés, et l’extrémité de ses replis se traîne lentement après lui.

Il est dans les pâturages de la Calabre un reptile non moins dangereux. Levant fièrement sa tête, ce monstre déroule en