Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

replis ondoyants son dos brillant d’écailles et son long ventre tacheté de mille couleurs. Tant que les sources coulent abondantes, tant que le printemps et les pluies qu’il amène entretiennent l’humidité de la terre, il habite les lacs et le bord des fleuves : là, son insatiable voracité s’assouvit sur les poissons et les grenouilles coassantes. Les marais sont-ils desséchés, la terre fendue par une chaleur excessive ; il s’élance dans la plaine, et, roulant des yeux enflammés, il désole les campagnes, rendu furieux par la soif et par la chaleur. Me préservent les dieux de me livrer, en plein air, au doux sommeil, ou de m’étendre sur l’herbe à l’ombre d’une forêt, lorsque, fier de sa peau nouvelle, et brillant de jeunesse, il s’avance, et que, laissant dans sa demeure ses petits ou ses œufs, il se dresse au soleil, et fait dans sa gueule vibrer un triple dard !

Je vais aussi t’apprendre les causes et les symptômes des maladies qui attaquent les troupeaux. La gale immonde infecte les brebis, lorsqu’une pluie froide ou une forte gelée a pénétré leurs chairs jusqu’au vif, ou lorsque, après la tonte, on ne lave pas la sueur qui les mouille, et que des ronces ont déchiré leur peau. Pour prévenir le mal, les bergers ont soin de les baigner dans une onde pure, et de plonger dans l’endroit le plus profond le bélier qui, avec sa toison chargée d’eau, s’abandonne au courant du