Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/194

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Les orages qui bouleversent les mers sont moins nombreux que les maladies qui attaquent les bergeries ; et ces maladies ne saisissent pas seulement quelques animaux isolés ; mais, au milieu des plus beaux pâturages, elles enlèvent les troupeaux et l’espérance des troupeaux, et tarissent la race tout entière dans sa source. Pour en juger, tu n’as qu’à parcourir le sommet des Alpes, les hauteurs fortifiées de la Norique, et les champs de l’Iapydie arrosés par le Timave. Ces lieux où régnaient les bergers n’offrent plus, même après tant d’années, que d’immenses solitudes. Là, jadis, un air pestilentiel, s’embrasant de tous les feux de l’automne, fit périr les animaux domestiques et les bêtes sauvages, empoisonna les lacs, infecta les pâturages. La mort se présentait sous plus d’une forme : d’abord, un feu brûlant courait de veine en veine, desséchait les membres de l’animal, bientôt gonflés d’une liqueur corrosive qui lentement calcinait et dévorait leurs os.

Souvent, auprès de l’autel où elle allait être immolée en l’honneur des dieux, tandis qu’on parait sa tête d’une bandelette sacrée, la victime tomba mourante au milieu des sacrificateurs trop lents à frapper ; ou, si leur main plus prompte en prévenait la chute, ses entrailles placées sur l’autel ne brûlaient pas, et le