Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fleuve. D’autres, après la tonte, leur frottent le corps avec un mélange de marc d’huile d’olive, d’écume d’argent, de soufre vif, de poix et de cire grasse, avec le jus de l’oignon, de l’ellébore et du bitume noir. Mais le remède le plus puissant, c’est d’ouvrir l’ulcère par une incision. Le mal se nourrit et augmente en demeurant caché, si le berger néglige d’y appliquer la main du médecin, et, sans agir, se contente d’adresser des vœux au ciel. Quand le poison a pénétré jusqu’à la moelle des os, et y cause une douleur violente, quand la fièvre brûle et dessèche les membres, il faut, pour en calmer les accès, que, du pied de l’animal, le fer, ouvrant une veine, fasse jaillir le sang : c’est la méthode des Bisaltes, et de l’infatigable Gelon, lorsque, fuyant sur le Rhodope ou dans les déserts de la Scythie, il boit du lait épaissi avec du sang de cheval.

Quand tu verras une brebis chercher souvent l’ombrage, effleurer nonchalamment la pointe de l’herbe, marcher la dernière du troupeau, se coucher au milieu de la prairie, revenir trop tard et seule à la bergerie, hâte-toi ; que le fer coupe le mal dans sa racine, avant qu’une funeste contagion se glisse au milieu de cette foule imprévoyante.