Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/198

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elle les Maladies et la Peur, elle lève, au-dessus de ses victimes amoncelées, une tête de jour en jour plus avide de carnage. Les bêlements des brebis, les mugissements des taureaux retentissent au loin sur la rive des fleuves, dans le fond des vallons, au sommet des montagnes. Déjà l’impitoyable furie multiplie les funérailles, et, dans le bercail même, amoncelle les cadavres qui tombent par lambeaux en une honteuse dissolution, avant qu’on les enfouisse dans des fosses profondes ; car leurs peaux n’étaient d’aucun usage : l’eau et le feu ne les pouvaient purifier. On n’eût même osé tondre les brebis mortes de la contagion, ou toucher ces tissus empoisonnés. Malheur à qui eût essayé de s’en revêtir ! À l’instant son corps se couvrait de pustules ardentes : de ses membres infects coulait une sueur immonde, et bientôt, au seul contact de ce vêtement, il périssait consumé par le feu sacré.