Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/200

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bigarrée, et le guêpier, et les autres oiseaux : loin, bien loin surtout, Procné dont la poitrine porte encore l’empreinte de ses mains sanglantes. Ces animaux ravagent tout aux environs, saisissent l’abeille elle-même dans son vol, et l’emportent, douce nourriture, pour leur impitoyable couvée. Cherchons de claires fontaines, des étangs bordés d’une mousse verdoyante, un léger ruisseau fuyant à travers la prairie. Qu’un palmier ou un olivier sauvage protége de son ombre l’entrée de leur demeure. Ainsi, au retour du printemps, quand les nouveaux rois sortiront à la tête de leurs essaims, et que cette vive jeunesse s’ébattra hors de la ruche, la rive voisine leur offrira un abri contre la chaleur, et l’arbre les retiendra sous son feuillage hospitalier. Que l’eau dorme ou qu’elle coule, jettes-y, en travers, de grosses pierres, ou des troncs de saules, comme autant de ponts où les abeilles puissent se reposer, et étendre leurs ailes aux rayons du soleil d’été, si la pluie les a surprises ou dispersées, ou si le vent les a précipitées dans l’onde. Que près de là fleurissent le vert romarin, le serpolet odoriférant, et la sarriette à l’odeur forte ; que la violette s’y abreuve dans l’eau courante.

Quant aux ruches elles-mêmes, formées d’écorces creuses, ou tissues d’un flexible osier, elles ne doivent avoir qu’une étroite