Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/201

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ouverture ; car le miel se gèle l’hiver, et se fond aux chaleurs de l’été : deux inconvénients également à craindre pour les abeilles ; aussi ont-elles la précaution de boucher avec de la cire jusqu’aux moindres fentes de leurs maisons, d’en enduire les bords avec le suc des plantes et des fleurs, et de mettre en réserve, pour cet emploi, une gomme plus visqueuse que la glu et que la poix du mont Ida. Souvent même, dit-on, elles se sont creusé des demeures souterraines, et l’on a trouvé des essaims logés dans les trous des pierres ponces, et au sein des arbres minés par le temps.

Ne laisse pas d’enduire toi-même leur frêle habitation d’une couche de terre grasse, et couvre-la de quelques feuillages. Ne souffre point d’ifs dans leur voisinage ; n’y fais pas, sur le charbon, rougir d’écrevisses ; crains un marais profond, l’odeur d’un bourbier fangeux, et ces roches sonores où l’écho répond avec éclat à la voix qui l’appelle.

Mais l’hiver a fui devant le soleil qui l’a relégué sous la terre, et au ciel brille la sérénité des beaux jours. Soudain l’abeille s’élance ; elle parcourt et les bois et les plaines, recueille le parfum des fleurs, et, légère, effleure la surface des eaux. Transportée alors d’une joie nouvelle, elle revient soigner sa cellule et